Jargons Gestuels

Stage - formation

17 juin

› 18 juin

stage danse et philosophie
avec Mathilde Papin et Emma Bigé

Un petit passage dans Penser comme un iceberg d’Olivier Remaud a inspiré ce stage. Celui-ci décrit une coutume des autochtones du Groenland : certains matins quand il y a eu du mouvement dans les icebergs, une personne fait une petite danse pour en faire le compte rendu aux autres (là-bas un petit bloc s’est détaché, l’iceberg qui était à l’Est a disparu, etc.).

La danse peut donc servir à ça, à faire des restitutions des allures rythmiques du monde. Elle peut servir à « rendre sensibles les différentes allures du mouvement autour de moi » (Emma Bigé, dans Mouvementements). La danse peut partager des informations spatiales sous forme de codes, de hiéroglyphes. On sait que les abeilles font ça aussi, des danses pour indiquer aux autres la direction et la distance d’une source de nourriture. La danse serait donc capable de faire des synthèses sur le cours de choses et sur les évènements qui nous arrivent. Alors, on pourrait imaginer qu’elle sache faire des « petits contes philosophiques gestés » (pour parler aussi par exemple de nos politiques ou de nos ontologies).

Dans ce stage, il sera proposé de chercher les moyens et les formes de ces synthèses dansées. On se fera croire qu’elles délivrent des informations sur le cours des choses. On se fera croire que même une danse improvisée contient un « jargon » que tout le monde comprend.

Il s'agira pour cela de tester ses coordonnées chorégraphiques selon la « portée » que l’on veut donner à ses gestes, selon à qui ils s’adressent. Est-ce une danse pour nos proches, pour un groupe qui nous regarde depuis la hauteur d’une colline, pour quelqu’un ou quelque chose d’absent ? Nous questionnerons ce que ces changements d’échelle font à nos gestes et comment leur donner une pluralité d’adresses possibles.

Mathilde Papin et Emma Bigé guideront les pratiques d’échauffement, puis Mathilde Papin proposera des dispositifs chorégraphiques, des jeux (beaucoup sont issus de la pièce qu’elle est en train de fabriquer, Trois Colliers) et Emma Bigé proposera des pratiques textuelles : des écoutes de philosophie et de sciences humaines (y compris de son travail qui vient de paraître aux éditions La Découverte, Mouvementements), des micro-conférences, des pratiques d’analyses et de commentaires improvisés.

Mathilde Papin

est artiste-chercheuse, chorégraphe et danseuse. Formée à la danse, au cirque, au théâtre et à la philosophie, elle est aujourd’hui artiste chorégraphique tout en ayant une pratique d’écriture, théorique et poétique. En 2019, elle fonde la compagnie RIVE avec Emma Bigé et elle entame la création de SEREIN avec le musicien Rémi Blanes. Elle publie un article dans « Pour un atlas des figures » sur les dispositifs chorégraphiques de Loïc Touzé et la philosophie de Raymond Ruyer. Elle co-traduit avec Emma Bigé le dernier livre de la philosophe canadienne Erin Manning, Always more than one, qui sera publié au PUF en janvier 2024. Elle fait des lectures de poésies (Festival des vergers, août 2021) et des performances dans les musées (sept-2022 au Musée Toulouse-Lautrec d’Albi, Musée de Castres-janvier 2023). Elle enseigne la danse pour des publics professionnels et amateurs, et organise des laboratoires autour de ses « scores », les partitions et les jeux dont elle se sert pour chorégraphier.
Pour son parcours académique, elle fait une classe préparatoire littéraire à Nantes puis intègre La Sorbonne-Paris 1. Elle termine son Master en 2014, sous la direction de Renaud Barbaras (phénoménologue) et Frédéric Pouillaude (philosophe de l’art), son mémoire porte sur l’anthropologie philosophique du cirque et sur la phénoménologie des mouvements rapides.

Emma Bigé

plonge, enseigne, traduit, écrit et improvise avec des danses expérimentales et des philosophies orientées compost. Ancienne étudiante de l’École Normale supérieure, agrégée et docteure en philosophie, commissaire d’exposition, danseuse et enseignante en écoles d’art, elle développe des installations et des textes visant à renommer les savoir-sentir et les savoir-penser venus de la performance et des danses improvisées. Elle a notamment dirigé l’exposition itinérante Gestes du Contact Improvisation (Rennes, Musée de la danse, 2018) et une exposition rétrospective dédiée à Steve Paxton (Lisbonne, Culturgest, 2019). Co-éditrice de livres sur l’improvisation en danse (Steve Paxton: Drafting Interior Techniques, 2019 ; La perspective de la pomme. Histoires, politiques et pratiques du Contact Improvisation, 2021), et membre de la collective de rédaction de la revue Multitudes. Son premier livre, Mouvementements. Écopolitiques de la danse est paru à La Découverte en 2023. À la recherche de manières de célébrer des formes rares de tendresse entre les mammifères humains et les autres créatures de Terra, elle vit au bord d’une forêt dans le Périgord vert, où, dès qu’elle peut, elle roule par terre.

Objectifs Pédagogiques :

  • rechercher des motifs chorégraphiques
  • travail pour l'interprète, tester les différents investissements toniques, observer la relation entre l'adresse du geste et la qualité tonique
  • travail des dispositifs, scores, coordonnées chorégraphiques
  • se demander quels savoir-penser se font jour dans ses études chorégraphiques
  • entendre des auteur.e.s et essayistes contemporain.e.s

À qui s’adresse ce stage 

  • danseur.euse.s, chorégraphes
  • toutes personnes qui s’intéressent de près ou de loin aux gestes

Informations pratiques

  • Durée : 10 heures / 2 jours
  • Dates et horaires :
    samedi 17 juin : 14h-18h
    dimanche 18 juin : 10h-12h / 13h-17h
  • Tarif : 125 euros + 15 euros d’adhésion
  • ​Inscription par mail jusqu'au 2 juin ici